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Les Magritte du Cinéma
13e édition - 9 mars 2024

02 février 2015 - 13:11:25

François Damiens, Président !

La Belgique aura toujours un côté improbable. Drôle et décalé. Inattendu.

Au cinéma, Benoit Poelvoorde incarne cet esprit depuis 25 ans. Même s’il épouse parfois des rôles plus sérieux ou tendres, il revient régulièrement à ses fondamentaux. La preuve avec son personnage de José Stockman dans Les rayures du zèbre qui lui vaut cette année une nomination pour le Magritte du meilleur acteur.

Dans cette catégorie il fera face à François Damiens qui, à bien ses égards, évoque son excellent pote namurois.

François est arrivé plus tard que Benoit au cinéma. Il est aussi onze ans plus jeune que lui. Les deux destins sont donc encore plus parallèles qu’on le pense au premier regard.
Car François Damiens non plus n’était pas a priori destiné "à faire l’acteur".

Né à Uccle en 73, il choisi d’abord d’étudier les affaires internationales. Avant de bifurquer vers l’audiovisuel. Passionné de canulars, ce jeune homme plutôt timide quand les spots ne sont pas braqués sur lui se lance dans la confection de caméras cachées… que repèrent assez vite des responsables de RTL-TVI.

On est en 2000 et le petit rigolo qui n’est pas encore une star (mais ça ne va plus tarder) est engagé dans l’émission Si c’était vous pour piéger monsieur et madame tout le monde, soudain confronté à l’absurde et à la bêtise la plus imprévisible. Le personnage de François l’Embrouille est né.


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C’est le début d’une période un peu folle où François Damiens accumule les moments de bravoure. Mais le succès a un revers. Rapidement identifié désormais, il n’a de plus en plus de mal à enfumer ses futures victimes. Il décide donc de partir tourner ses gags en France. Plus tard, il ira visiter la Suisse et la Corse.



Un humoriste est-il forcément un acteur? La réponse est dans le scepticisme sous-jacent à cette question. Il est pourtant normal que le cinéma fasse un jour des appels du pied à François Damiens dont la cote n’a de cesse d’augmenter.

Grâce à Eric et Ramzy, l’Embrouille rencontre Michel Hazanavicus qui s’apprête à tourner OSS 117 : Le Caire, nid d’espions.



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En quelques minutes, un François désopilant emporte la mise. Olivier Van Hoofstadt qui n’aurait sans doute pas eu besoin de cette confirmation lui offre un premier grand rôle dans Dikkenek. Le personnage de Claudy est proche de l’Embrouille et les répliques cultes s’enchaînent: Damiens déjà vedette devient une star, notamment chez les ados.



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C’est Benoit Mariage qui lui donnera pour la première fois un rôle "différent", le plaçant face à avec Benoit Poelvoorde pour Cowboy. Caméraman omniprésent à l’image, mais discret dans l’intrigue, il apporte à un rôle secondaire une vraie épaisseur et une personnalité. Quelques mimiques, une réplique qui fait mouche, une faculté innée à jouer le gars désabusé qui subit la situation : François Damiens est juste parfait.

Les rôles vont alors s’enchaîner: plus ou moins longs, plus ou moins spectaculaires, plus ou moins proches de son personnage de François L’Embrouille. Mais ce sont naturellement dans les expériences "différentes" qui lui ouvrent de nouveaux horizons que François Damiens marque le plus les esprits: en 2009, il interprète un maire français dans La famille Wolberg. L’ambiance n’est pas à la rigolade, mais la réalisatrice Axelle Robert a vu chez François des atouts que personne n’avait remarqués jusque-là. Et elle a mis en plein dans le mille.



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Les étapes essentielles de l’irrésistible ascension de François Damiens seront alors L’Arnacoeur, énorme succès populaire qui lui offre un rôle comique imparable, Rien à déclarer, où il retrouve Benoit Poelvoorde et épouse une première fois Karin Viard, qui sera à nouveau sa femme dans La famille Bélier (triomphe au box-office), et Une pure affaire où il renoue avec un rôle principal, drôle, mais pas seulement. Un personnage parfait pour s’affirmer définitivement comme un très grand.



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À partir de là, sa filmographie s’apparente à un sans-faute. François Damiens y alterne rôles principaux et solides seconds rôles, comédies et drames, œuvres intimistes et projets plus spectaculaires : Ni à vendre ni à louer de Pascal Rabaté, La délicatesse de David Foenkinos, Torpedo de Matthieu Donck, Tango libre de Frédéric Fonteyne, Tip Top de Serge Bozon, Gare du Nord de Claire Simon, Suzanne de Katell Quillévéré (pour lequel il est nominé cette année aux Magritte, en tant que meilleur acteur dans un second rôle) et Je fais le mort de Jean-Paul Salomé (nomination dans la catégorie Meilleur acteur).

Et bien sûr, en ce moment, La famille Bélier, déjà vu par plus de 5 millions de spectateurs, véritable phénomène populaire totalement inattendu. Depuis lors, François a déjà tourné deux autres films, Les Cow Boys de Thomas Bidegain (à ne pas confondre avec Cowboy, donc) et Le Tout Nouveau Testament de Jaco Van Dormael.

Malgré cette colossale actualité, malgré toutes les sollicitations médiatiques dont il fait l’objet à tout moment, malgré les prix qu’il pourrait recevoir ici et là, François Damiens a accepté d’emblée de devenir le Président de la cinquième Cérémonie des Magritte du Cinéma.

Il succède ainsi à Jaco van Dormael, Bertrand Tavernier, Yolande Moreau et Émilie Dequenne. Classe, non?