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Les Magritte du Cinéma
13e édition - 9 mars 2024

08 février 2015 - 10:45:33

5e Magritte du Cinéma: tout en nuances et en sourires

La 5e cérémonie des Magritte du Cinéma a battu quelques records: ce fut notamment la plus longue de la jeune histoire de la manifestation, mais qu’importe: on n’a pas vu le temps passer.

La prestation décalée, jouette et dynamique du maître de Cérémonie Charlie Dupont n’est bien sûr pas étrangère. Le Tournaisien-Ucclois, citoyen du monde et de Paris a magnifiquement pris la relève de la fofolle Helena Noguerra et du très ricain Fabrizio Rongione dans son style à lui : décontracté, comme s’il s’amusait en direct de sa salle de bains, mais avec ce petit plus glamour qui n’appartient qu’à lui. Avec lui, on a bien ri hier et c’est déjà une très bonne chose.

D’autant que pour titiller les zygomatiques, François Damiens,Président de la soirée, était lui aussi en toute grande forme.

(Toutes les photos par Julien Kermode/Cinevox 2015)
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Ensuite, il y a le palmarès : ces noms qui resteront pour toujours attachés à cette soirée, ceux qu’on retiendra parce qu’ils ont marqué l’année cinéma ici et touché le cœur des 800 (!) professionnels membres de l’Académie André Delvaux.

Un palmarès paradoxal. Paradoxal parce que très équilibré avec une jolie série de films récompensés à plusieurs reprises… et pourtant largement dominé par les frères Dardenne.

Jean-Pierre et Luc ont bien sûr remporté deux des principaux prix de la soirée: ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur; un label qu’il conviendrait chez nous de mettre au pluriel puisque pour la deuxième année consécutive c’est un duo qui s’impose.


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Ces deux prix sont évidemment logiques et mérités puisque le film est actuellement encensé et couronné un peu partout dans le monde. Il aurait été assez étrange qu’il ne le fût pas sur ses terres.

Mais ce n’est pas tout. Loin de là.

Dans une catégorie particulièrement relevée cette année, Fabrizio Rongione a décroché le Magritte du meilleur acteur de l’année. La reconnaissance a ému l’ex-maître de cérémonie des Magritte et il a tenu à remercier chaleureusement les frères à qui il doit beaucoup puisque c’est eux qui l’ont lancé en 1999 dans Rosetta aux côtés d’Émilie Dequenne.
Et qui a gagné le Magritte de la meilleure actrice? Émilie, bien sûr, fille des frères, absolument époustouflante dans Pas son genre de Lucas Belvaux. Jolie transmission.

Parlant des enfants des frères comment ne pas évoquer le Magritte du meilleur acteur dans un second rôle décroché pour la deuxième fois par Jérémie Renier? Découvert dans La promesse et palmé d’or à Cannes en 1996 avec L’Enfant, il a ici été récompensé pour sa performance dans Saint-Laurent.

Si on ajoute à ce festival les trois (!) Magritte reçus par Marina, coproduit par les frères, on comprend qu’ils sont (avec Delphine Tomson, leur complice aux films du fleuve) les grands vainqueurs de la soirée: la profession a enfin reconnu tout ce qu’ils ont apporté au cinéma belge, non seulement cette année, mais depuis près de 20 ans maintenant.

Malgré cela Deux jours une nuit n’a pas outrageusement dominé un palmarès formidablement équilibré, ce qui est assez remarquable vu que les votants se prononcent seuls dans leur coin et que le panachage ne peut pas être dû à une quelconque négociation, comme dans un festival.



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Comme Deux jours, une nuit, Pas son genre a donc remporté trois prix –meilleur scénario pour Lucas Belvaux, meilleure actrice et meilleur son), Marina trois aussi (meilleur film flamand, meilleurs décors et meilleurs costumes), La Marche décrochant pour sa part le Magritte de la meilleure actrice dans un second rôle (Lubna Azabal) et du meilleur montage ce qui, dans les deux cas, est particulièrement bien vu.

D’autres films n’ont pas été oubliés: Les rayures du zèbre a été mis en lumière grâce à Marc Zinga (meilleur espoir masculin), Baby Balloon a reçu le Magritte du meilleur espoir féminin avec Ambre Grouwels, L’étrange couleur des Larmes de ton corps a été célébré pour sa photo (Manu Dacosse) et Puppylove pour la bande-son explosive signée par le duo Soldout.

La Bûche de Noël (meilleur court métrage, en course pour les prochains César), Je te survivrai (Magritte du premier film attribué par le public), Quand je serai dictateur (meilleur docu) et Minuscule, la vallée des fourmis perdues (meilleur film étranger en coproduction) complètent ce tableau fort réjouissant qui reflète assez justement ce que fut le cinéma belge en 2014.



On ne peut pas terminer ce tour d’horizon sans évoquer le Magritte d’honneur remis à un Pierre Richard formidablement drôle et ému, entouré par une brochette d’invités visiblement ravis d’être là. Un moment rare et précieux.